« La création photographique togolaise doit faire un travail de fond. Il nous faut nous hâter à faire nos propositions au monde, à faire de la création de photo d’art avec un propos artistique et une démarche. »
Au-delà d’être de simples captures, c’est une histoire racontée derrière. HODIN SENYON, jeune artiste photographe togolais nous raconte son parcours depuis 2012 jusqu’à maintenant. Déjà grand passionné du monde de la photo, notre artiste trouve son inspiration dans les faits sociaux et dans une construction artistique photographique transdisciplinaire thématique et esthétique.
Après avoir parcouru la France, le Niger, la Côte d’Ivoire à la recherche de connaissances, il installe son studio photo du nom de HSTUDIO Togo-France aujourd’hui transformé en HODIN SENYON PHOTOGRAPHY. De sa collaboration avec la première agence à Lomé ALLURE MODE, jusqu’aux divers projets autour de la photographie, entre autres The Independent Dove (ID), FOTOFATA en 2015 et photo ORGASMIA, M. SENYON enchaîne toujours les partenariats avec l’Institut Français Du Togo et Handicap International en 2019. Une collaboration qui lui vaut la réalisation du projet HANDIPHOTOCAP (une expo-photo avec les personnes en situation de handicap pour apporter un autre regard sur la différence dans la société togolaise).
Aujourd’hui notre artiste est l’un des premiers photographes à avoir participé à une résidence au Maroc en juin dernier sous le thème : « 20 ans de règne du roi Mohamed VI en faveur de l’intégration des peuples » en portraits croisés. Malgré les critiques et regards extérieurs pendant cette résidence, il a réussi à réaliser son œuvre et nous invite à découvrir les moments forts.
1-Vous avez participé à une résidence d’artistes au centre culturel africain du Maroc. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La résidence s’est très bien passée au Maroc. Le thème de la résidence est « 20 ans de règne du roi Mohamed VI en faveur de l’intégration des peuples ». J’ai travaillé sur une exposition de « Portraits croisés » qui racontent la vie des personnes subsaharien(ne)s au Maroc avec un aperçu des instants qui font sens et qui témoignent de l’universalité et de l’intégration.
L’exposition est un ensemble de portraits croisés de personnages uniques dans leur diversité qui raconte la poésie de la vie au Maroc. La vie, à rabat ou ailleurs, dans ses expressions quotidiennes par des systèmes de pensées à la fois collective et individuelle avec des influences multiples.
J’ai raconté aussi mes ressentis de l’influence culturelle et sociologique des 20 ans du règne de sa majesté le Roi Mohammed VI par des instantanés de vie de personnes subsahariennes ,marocaines et européennes que j’ai eu la chance de rencontrer au détour d’une discussion ou d’une capture photo.
2-Quel a été votre engouement à participer à cette résidence ?
Elle a été vraiment engagée parce que le thème proposait un sujet qui touchait au rapport Afrique du nord et Afrique subsaharienne.
3-Citez nous les points forts et faibles de cet évènement ?
Les temps forts sont les rencontres pendant la résidence. L’échange avec les artistes marocains et marocaines. Les rencontres de personnes subsahariennes extraordinaires qui écrivent des histoires là-bas malgré les difficultés d’intégration.
Les temps moindres ce sont les moments où j’ai été victime de racisme à trois reprises et pour la première, je comprenais ce que cela voulait dire de porter une peau noire. Me rendre compte que je suis en Afrique mais les marocains m’appellent les africains et aussi de l’histoire de l’esclavage noire au Maroc sont beaucoup de moments qui n’ont été pas faciles.
Mais cette situation m’a permis de comprendre à quel point nous devons travailler pour montrer une autre image, pas de notre pays et de notre personne mais de la peau que nous portons.
4-Que retenez-vous en particulier de votre participation ?
Je retiens que la photographie togolaise actuelle n’est pas assez présente dans les grands rendez-vous internationaux de création artistique et aussi dans les catalogues, revues photographiques. Je me suis aussi rendu compte que la photographie togolaise a perdu en contenu à force de se travestir comme le dit Eben Scar sur Instagram .On a perdu en fond à force de se focaliser sur la forme.
5-Un mot de fin
Il faut aujourd’hui que la création photographique togolaise fasse un travail de fond. Il nous faut nous hâter à faire nos propositions au monde. A faire de la création de photo d’art avec un propos artistique et une démarche. La photographie commerciale s’use au gré des contrats mais la photographie d’art elle ne meurt jamais.
HODIN SENYON est cet artiste qui use de la photographie sous toutes ses formes pour en faire un chef d’œuvre. Et son dernier projet « Handiphotocap » s’inscrit dans ce contexte. Le mois de décembre 2019 présentera une édition de cette exposition en livre de photo que vous aurez l’occasion d’apprécier.
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