Bonjour chers lecteurs.
Tout comme vous, mon expérience avec cette page me donne aujourd’hui le courage de parler d’un fait de ma vie qui continue de me blesser. J’ai perdu toute confiance en moi après cette mésaventure. Mais le pire est qu’aujourd’hui je me méfie de tout et de tout le monde, je vois en tous ces hommes, un Brice potentiel. Comme quoi, derrière un visage d’ange, sommeille un démon.
Aucune femme ne mérite cela. Et quand je me dis que ces hommes qui se comportent de manière aussi cruelle viennent d’une mère, ont des sœurs et deviennent pères de filles… Je me demande quelle excuse ils peuvent avoir.
Mon histoire a commencé lorsque j’étais en classe de terminale. Je vivais très loin de mes parents. Je venais de boucler mes 18 années et je préparais activement mon baccalauréat. Il était très difficile pour moi de ne pas voir mes parents aussi souvent que je le désirais. Ce vide je me disais qu’au moment venu, un gentil homme bon et sérieux me le comblerait. C’était ma seule force, car vivre sans l’amour et la protection de ses géniteurs était d’une dureté sans pareil. J’évitais au maximum de me laisser approcher par les garçons, j’en avais très peur mais le jour où il est rentré dans notre salle de classe, ma vie changea.
Lui, était notre professeur de travaux dirigés, il travaillait déjà dans une grande micro finance de la place et gagnait bien sa vie. Lui était jeune, très jeune, à peine le quart d’un siècle.
Ce que je ressentis ce jour-là, m’est toujours indescriptible. Je ne voyais pas l’humain, mais plutôt l’ange qui sous mes yeux déployait ses ailes pour me porter à la découverte du paradis sentimental.
A la sortie des cours ce jour-là, serrant mon sac contre moi, je cheminais le long de cette route en essayant de décrypter les différentes émotions qui m’animaient. Dans ma tête, c’était le brouillard et dans mon cœur le tourbillon. Jamais je n’avais vu une si belle personne. Comme son sourire était calme et enveloppant ! Comme il semblait si sûr de lui ! Mais bon voilà, je n’avais aucune chance d’attirer son attention, j’étais trop sage, trop banale et ordinaire pour lui. Je voyais mes camarades de classe, celles qui déjà venaient aux cours maquillées, haut perchées sur des talons, indépendantes… Ces genres d’hommes aimaient les filles indépendantes et affirmées. Que pouvait-il vouloir de moi, une fille de famille si modeste, qui n’avait rien à lui offrir ?
C’est sur cette conclusion que je m’endormis cette nuit-là. Je me fis violence et décidai de fermer cette page avant même qu’elle ne puisse s’ouvrir. Je supportais très difficilement de l’avoir comme professeur et de ne pouvoir lui avouer ce que je ressentais. Encore que ce que je ressentais, je n’en avais pas vraiment conscience. 18 ans c’était encore l’année de l’innocence et la naïveté absolue.
Puis il eut un déclic, un soir à la fin de nos travaux dirigés, il m’aborda, voulant juste faire connaissance avec la petite timide toujours assise dans un coin de la classe, m’avait-il dit. J’étais sur un vrai nuage, car les anges, les astres et la providence se concertaient tous pour m’offrir ce pour quoi battait mon cœur.
Ce soir-là, il me parla de lui, jeune CÉLIBATAIRE, sortant d’une relation très difficile dont il gardait encore des séquelles. « Mais dès l’instant où je t’ai vu toi, j’ai senti que tu étais la femme qui allait m’offrir le vrai bonheur »…
– Mais pourquoi moi ? Je n’ai rien à vous offrir Monsieur.
– Appelle-moi Brice. Tu as tout, tout ce qu’un homme peut souhaiter, la beauté, l’intelligence, tu as un bon cœur et tu es effacée. Et à t’entendre parler tu as reçu une bonne éducation, tu ferais une épouse et mère formidable et moi c’est tout ce que je recherche. Je t’ai trouvé. Tu es chrétienne ?
– Oui Monsieur, enfin, oui Brice. Je suis chrétienne catholique.
– Moi également. Je serai heureux que tu m’accompagnes aux cultes les dimanches. Tiens, que dirais-tu de ce dimanche par exemple ?
– Vous voulez que je vous accompagne à l’église ? Mais vous me connaissez à peine ?
– Dieu ne nous a pas fait nous connaître par pur hasard. Allons lui dire Merci. Je voudrais te présenter à ma chorale. Je voudrais que le monde entier voit la chance que j’ai de t’avoir rencontré. Tu es si merveilleuse. Mais avant cela, accepte d’être ma petite amie.
Si j’avais pu demander conseil…
De simple élève, je passais à la petite amie du plus bel homme que jamais je ne croyais rencontrer. Depuis cette discussion, Brice ne me lâchait plus. Il m’attendait aux sorties des cours et nous parlions de tout et rien des heures entières. Il me déposait à la maison, saluait l’assistance, puis rentrait chez lui. Les dimanches, il passait me prendre et nous nous rendions sur sa paroisse. A la fin des cultes, il venait me chercher d’où j’étais assise et allait me présenter aux membres de sa chorale comme étant sa future épouse. Il m’amenait à la plage ou chez ses proches amis et nous passions du temps tous ensemble.
Tout était bien beau dans mon monde. Très beau. J’imaginais la joie de mes parents, le jour où je leur présenterai leur gendre. Ils seraient fiers de mon choix.
Le seul hic dans l’histoire, était ma virginité. Je n’avais jamais connu d’homme. Je nourrissais depuis petite le grand souhait de devenir une sœur religieuse tellement j’étais pieuse et constante. Mais il fallait que ce soit de la vocation, et non un simple style de vie m’avait dit ce prêtre. Tu as tout pour rendre un homme heureux, Dieu te donnera celui qui mérite une âme aussi pure que la tienne…
Quelques temps après, Brice me proposa de passer chez lui. Il me reprochait de n’être jamais allée connaitre sa demeure alors que c’était à moi d’y jouer la femme de maison car disait-il, ce sera notre premier chez…
Je n’oublierai jamais cet après-midi. Il vint me récupérer à la fin des cours, profitant de ses congés pour disposer de son temps à souhait. C’était un mercredi ensoleillé. Il me fit découvrir son intérieur. Un petit appartement de deux pièces qu’il partageait avec sa petite sœur. Je venais justement de la rencontrer pour la première fois, elle s’apprêtait à sortir. Nous devions avoir le même âge. Elle semblait heureuse du choix de son frère…
J’inspectai la maison, RAS. Il n’y avait aucune autre vie féminine dans cette maison, à part celle de sa sœur. Sa chambre était softement décorée. Lorsqu’il m’y invita, je n’y opposai aucun refus, j’avais entièrement confiance en lui et je me disais surtout qu’étant au courant de ma virginité, il n’oserait m’obliger à quoi que ce soit car il m’aimait et me respectait. Il semblait tellement fier de qui j’étais…
Sauf que ce soir-là, après m’être débattue de toutes mes forces, Brice finit par opérer son acte ignoble. Aucun de mes refus, sous quelque forme qu’ils furent n’eut raison de sa détermination à me faire sienne. Lorsqu’il eut fini sa salle besogne, il me regarda l’air réveillé d’un long sommeil et m’avoua.
– Je croyais que tu rigolais quand tu disais être vierge. Les filles vierges aujourd’hui, ça n’existe plus.
Choquée et déçue, je le laissai me ramener ce soir-là, mais je lui demandai de me laisser à quelques mètres de ma maison car j’avais besoin de reprendre mes esprits.
Une chose à laquelle j’avais tenu toutes ces années, venait de m’être enlevée. Je ne réalisais presque pas que ce soit réel. J’étais en larmes. Je partis me réfugier chez une amie de classe qui connaissait bien notre histoire. Celle-ci me remonta le moral comme elle put mais ce n’était pas assez pour me redonner ce que je venais de perdre.
Je restai des jours sans nouvelles de Brice. Mais en réalité je ne me fis pas plus de soucis que ça. J’avais besoin d’accepter la situation, et d’avancer. Je questionnais mes sentiments. Je n’assumais pas qu’il m’ait forcée à avoir un rapport sexuel avec lui et j’espérais qu’il le regrette et s’en rachète. Mais rien.
Quelques jours après, je croisai fortuitement Paul, le meilleur ami de Brice, au super marché. Ce dernier je l’avais croisé une seule fois, cette seule fois-là était en présence de Brice, le premier jour où il m’avait déclaré sa flamme. Il lui disait que j’étais une personne extraordinaire et que j’étais dans sa classe. Nous avions brièvement échangé et je les avais laissé là. Paul fut très heureux de me voir. Il m’avoua m’avoir aimé dès le premier jour qu’il m’avait vu passer devant son entreprise. Cette scène s’était produite bien avant que Brice ne me fit des avances.
En réalité, je passais tous les jours devant l’entreprise de Paul, qui en fit une parfaite routine, priant intérieurement de me déclarer sa flamme un jour et de formaliser la relation avec moi.
– Je suis amoureux de toi depuis trop longtemps. Depuis l’année dernière. Je te voyais passer sans pouvoir t’aborder. Tu es si belle. J’ai alors demandé à Brice de tout faire pour nous présenter, il avait promis le faire mais je suppose qu’avec l’organisation de son mariage, il n’a pas eu le temps… Je me réjouis de te croiser ici.
– Brice marié ?
– Oui. Il ne te l’a pas dit ? il s’est marié il y a de cela une semaine, le Jeudi… Ne lui en veux pas, il a souvent la tête ailleurs ce Brice. Parlons de nous, accepterais-tu de diner avec moi ?
La nouvelle me fit un vrai choc. Je déposai la boite de conserve que je venais de sortir du rayon, et je m’excusai avant de sortir du supermarché les larmes aux yeux. Sur mon chemin, je bousculai une femme qui marmonna quelques mots désagréables, je ne l’entendis même pas…
« Le jeudi, le jeudi dernier n’était autre que le lendemain du jour même où il m’avait pris mon innocence. Comment aurait-il pu être si cruel ? Que lui aurais-je fais ? ».
Je ne faisais pas attention à où j’allais, je déambulais dans les rues sans repère. Je n’avais même pas remarqué que Paul était derrière moi. Il venait de remarquer que quelque chose n’allait pas. Il eut juste le temps d’attraper ma main, pour m’éviter de finir sous une voiture que je n’avais même pas vu venir.
Je voulais mourir. Comment une personne pouvait mentir, sous les yeux du créateur, dans sa demeure, dans la vie d’une personne qui vous a donné son cœur, à qui vous avez arraché l’innocence ? Une personne qui n’avait que vous comme soutien. Comment pouvait-on faire si mal et partir sans remord le lendemain, porter la bague au doigt d’une autre fille ?
Paul était celui qui voulait de moi, trop timide pour faire le pas, il avait mandaté son ami Brice à me soumettre ses intentions. Mais Brice était d’une malhonnêteté sans pareil, il avait préféré prendre la place de son ami, simplement pour satisfaire un besoin charnel, un vice mal contrôlé…
Je me confessai à Paul. Il eut le visage décomposé. Il menaça d’aller le trouver et d’en découdre avec lui. Mais je ne voulais pas plus de mal que ça autour de moi. J’avais tellement honte et me sentais si désabusée que je lui demandai de ne plus soulever le sujet.
Cette histoire m’a fait perdre toute confiance en moi. Je ne pouvais plus croire en personne. J’avais pitié de ma personne. J’avais refusé de suivre dorénavant les travaux dirigés de Brice. Je ne voulais plus jamais le voir. Mais je déprimais, il était facile de s’en rendre compte, j’étais au plus mal.
Quelques mois après son mariage, Brice débarqua chez moi une nuit. Il se tenait là en face de moi comme si de rien n’était. Il me dégoutait mais j’essayais de garder mon sang froid. Je ne voulais pas lui faire pitié. Je devais rester digne face à cette méchante personne. Il semblait au sommet de sa forme.
– Que fais-tu ici ?
– Tu me manquais et je devais te voir.
– Et ta femme ? il fut surpris par la question.
– Elle est à la maison. (Il ne portait pas sa bague de mariage).
– Qu’as-tu fais de ta bague ?
– Elle est avec ma femme à la maison.
– C’est bien, je suis contente pour toi. Tu peux à présent rentrer les retrouver. C’est là ta place. Prends-soin de cette femme. Elle ne mérite pas que tu sois une si mauvaise personne.
Je tournai les talons et rentrai définitivement chez moi. A la fin de cette année, je décrochai mon baccalauréat pour lequel j’étudiais comme une malade. Paul n’avait jamais cessé de me soutenir, il était là tous les jours de ma vie. Il me protégeait de tout autre prédateur ? Il me soutenait dans mes choix, il était un ange, un vrai, et il finit par devenir mon meilleur ami.
Chers lecteurs deux années après ma mésaventure, je croisai Brice dans un maquis, il ne m’avait même pas reconnu et s’était mis à me draguer, comme n’importe qu’elle nouvelle conquête qu’il venait de faire. Cet homme était vraiment une ordure. Comment pouvait-on devenir ainsi ? Je préférais me dire qu’il était sous l’emprise d’un démon et que son âme intérieure était pure. Ainsi seulement je pouvais ne pas le haïr.
Non je ne pouvais pas lui donner sa chance à Paul, malgré qu’il soit toujours resté à mes côtés, parce que lui en donner aurait été sortir avec le meilleur ami de l’homme qui avait foulé au pied ma dignité. Je quittai le pays quelques années après. Mais je restai toujours en contact avec Paul. Il continue de m’écrire. Il a fini par haïr Brice pour cet acte. Ils ne sont plus vraiment amis. Aux dernières nouvelles, Brice est l’époux de trois différentes femmes et père de nombreux enfants dont certains qu’il avait refusé de reconnaître. Et pourtant il est père de jolies petites filles…
Je prie quotidiennement pour mes jeunes sœurs. Tomber sur des personnes comme Brice, on n’en guérit pas toujours. J’ai longtemps entendu parler de suicide de jeunes filles déçues en amour. Je ne les soutiens pas, mais je peux comprendre leur acte car ce que vous perdez après une telle cruauté, c’est votre âme d’enfant, votre bon cœur, votre amour de vous-même et surtout votre dignité. C’est une humiliation qui ne vous quitte jamais. Et quand autour de vous vos amies se marient, vous vous dites que vous ne méritez pas de vivre, que vous n’êtes pas faites pour ce monde. Je les comprends. Ici sur terre, le diable a pris possession de tout et surtout de l’amour…
J’aimerais dire à tous les hommes de protéger les femmes. Aucune femme ne mérite de souffrir autant par amour.
Recueilli et publié par Amé Océane CODJIA
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