Il y a tant de situations qu’on pense impossibles, surréalistes. Tant de choses à découvrir dans ce monde, et ce côté innocent de nous qui nous rendons si coupables de mauvais jugements et de stigmatisation… Au même moment, que nous dit la science ? Une règle sans exception est-elle toujours une règle ?
Quand on ne vit pas une situation soi-même, on pense qu’elle n’existe ou ne peut jamais exister.
L’histoire que nous raconte notre lectrice est si délicate. Je vous invite à la lire avec beaucoup d’humilité et de recul. Tomber enceinte sans pénétration…
Bonne lecture à tous.
Bonsoir Amé ! Je me prénomme E, 26 ans, célibataire et mère d’une fille de quatre ans. J’ai perdu ma virginité par un spéculum. Comment me demanderez-vous, vu que je suis maman… Je suis d’une famille croyante et pratiquante. J’ai beaucoup de respect pour les Saintes Écritures. Je me suis gardée pure, sans rapport sexuel jusqu’à perdre ma virginité par un spéculum. Je sais, c’est très intriguant. Je vous raconte.
Je suis allée à la fac pour des études de médecine et j’ai rencontré un homme qui m’a demandé en mariage à ma troisième année d’études.
Notre relation était belle et nous avions planifié notre mariage. Mon compagnon était fier du fait qu’il serait le premier homme de ma vie et il avait décidé qu’il en soit ainsi jusqu’au mariage. À ma grande surprise, lui-même n’avait point l’intention de pratiquer l’abstinence. Il ne se gênait pas et me trompait avec ses copines de service.
Cette découverte m’avait anéantie. Il avait tout nié jusqu’au jour où je l’avais moi-même attrapé la main dans le sac. Ce fut la fin de notre belle histoire.
Révoltée d’être ainsi traitée par les hommes pour une question de virginité, je décidai de découvrir le sexe avec mon meilleur ami. Ce fut une décision très peu réfléchie, car je n’avais pas pris la mesure des choses. Perdre sa virginité n’était pas qu’une question physique…
Le jour où nous devions avoir ce premier rapport sexuel, je n’eus pas le courage d’aller au bout.
Récalcitrante, je ne lui permis pas de me pénétrer. Sa limite fut de jouer avec ma vulve. Oui caresses il y a eu mais sans plus. Je ne saurai vous dire comment, mais quelques semaines après, je me retrouvai enceinte. Oui, il eut fécondation… Sous le choc, je l’informai de ma grossesse, mais il refusa toute responsabilité pour la simple raison qu’il n’y eut pas de pénétration. C’était quasi impossible, m’avait-il, dit. En temps normal j’y aurais cru si je ne portais pas une grossesse…
J’en parlai à mes parents dont la réaction fut pareille. Pour tous, je n’étais qu’une menteuse, une fille aux mœurs légères, incapable de reconnaitre ses erreurs. Je décidai de garder mon bébé et de poursuivre mes études malgré tout. Lors de la première consultation gynécologique, au moment de pose du spéculum, je senti une vive douleur et me mis à saigner. La douleur fut si vive que je ne pu me lever. Le docteur surpris de voir du sang se mit à me questionner, car le col étant fermé, il n’y avait pas de raison que je saigne.
Il me demanda si au cours de mon premier rapport sexuel j’avais saigné… Je lui racontai alors mon histoire, mais comme tous, il ne me crut pas.
Ce fut une période très dure, car tous me regardaient mal, la honte était présente en moi. Enceinte, j’avais l’impression d’être une bête de foire. Tous parlaient mal de moi… J’ai fini par mettre au monde ma fille. Elle fait ma fierté et je l’aime énormément, mais j’ai toujours très mal lorsque je repense aux conditions dans lesquelles elle est venue au monde.
Des fois lorsque je regarde ma fille, je me demande comment arriver à lui expliquer pourquoi son papa n’est pas là. Je lui en veux énormément. Il est passé du statut de meilleur ami à un étranger alors qu’il est le père de ma fille. Je n’arrive pas non plus à pardonner à l’homme qui m’avait promis mariage et fidélité, mais qui m’e trompait allègrement…
J’ai ma vie, je gagne bien au travail, je n’ai même pas à me plaindre, mais je suis révoltée lorsque je vois des mères célibataires se faire descendre parce qu’elles sont seules.
On ne demande pas à devenir une mère célibataire. On l’est parce qu’on décide d’assumer ses responsabilités vis-à-vis d’un être humain.
Chacun a une histoire et aussi invraisemblable qu’elle puisse paraitre, cela reste l’histoire d’une vie. Nous sommes si différents et il y a des choses si incompréhensibles qui se passent. Si le père de ma fille a pu refuser la paternité parce qu’il n’y a pas eu de pénétration alors pourquoi mentirais-je ?
Une mère célibataire n’est pas une fatalité. La fatalité, c’est ce que ce monde fait de ces femmes courageuses et démoralisées. C’est bien dommage…
Merci de me lire et de partager mon histoire
Depuis la RDCONGO
Recueilli et publié par Amé Océane CODJIA
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