Elom 20ce apporte un coup de balai vivifiant avec son nouvel album Amewuga


Les œuvres artistiques nous parlent au plus profond de notre âme, et les personnes à même de produire ces miracles bien réels, sont à valoriser. Leurs créations sont issues de leur vécu, de leur entourage, de la vie, cette vie qui est à la fois formatrice et terrain d’expression. Elom 20ce fait partie de ceux-là qui sont venus, ont vu et ont vécu, puis ont tenu à partager tout cela avec leurs semblables. Un homme qui sort des sentiers battus, qui s’interroge sur les choses auxquelles la majorité n’accorde que peu d’importance. « Amewuga », son dernier album s’inscrit dans la continuité pour un artiste qui a fait de sa musique, un griot, un poète, une mine qui regorge des richesses du passé, du présent et même du futur.

Oui, comme un Bescherelle, l’artiste a conjugué son album à tous les temps avec cet engagement sans cesse présent pour l’Afrique. 17 titres qui ne sont en réalité que les morceaux d’un grand puzzle. Puzzle que l’on reconstitue donc au fur et à mesure, que l’on savoure, que l’on prend plaisir à assembler. Les morceaux « 1973 » et « Life is a Puzzle » sont les plus révélateurs de cet ordre d’idées.

Le premier m’a frappé de manière fulgurante. Un texte rappé à l’envers, du premier au dernier mot. Le second, lui, a un texte long et évocateur. Avec beaucoup de puissance et de mots forts, Elom 20ce raconte comment la souveraineté des pays africains a été bafouée avec les affaires Khadafi ou Gbagbo. Mais également comment des êtres humains sont tués, maltraités voire décapités (affaire Khashoggi) dans un monde qui continue d’avancer comme si de rien n’était. Les messages sont parlants : le monde tourne à l’envers ; si les situations Gbagbo ou Kadhafi étaient inversées (que l’Afrique était allée attaquer un président de l’Occident) ?

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Elom 20ce a cette particularité de chanter le boom bap rap, mixé avec les sonorités africaines ajouté à cette touche de jazz particulière. Son nouvel album est puissant à travers donc les sonorités mais aussi le message. Oui Amewuga ou l’être humain est plus précieux que l’argent, est le message premier de cet album. Elom 20ce le définit lui-même de façon plus poétique par ces mots : « l’âme pèse plus que le corps ». Ce message est audible et sans cesse rappelé à travers tous les morceaux de l’album avec bien sûr en point d’orgue, le morceau Amewuga. Un morceau racontant comment les biens matériels ont primé sur l’humain déjà du temps de l’esclavage puis de nos jours en dénonçant le système sanitaire en Afrique où des malades peuvent ne pas se faire traiter juste parce qu’ils n’ont pas d’argent. L’artiste s’offusque du fait que les êtres humains sont de nos jours respectés et valorisés plus pour leurs fortunes, leurs voitures, leurs maisons bref pour des choses plutôt que pour leur personne.

Et le clip de ce morceau est déjà disponible.. Un clip poignant où nous verrons un monde dans lequel l’air que nous respirons sera à vendre. Un message édifiant, une leçon à travers l’histoire.

 

Pour rappel, Amewuga est la première partie de la série Noukpékpé Makpézan. La troisième partie était « Points d’interrogations », sortie il y a quelque temps déjà. Et la 2e partie arrive bientôt. Ah que voulez-vous, Elom 20ce ne fait rien comme les autres, et il y a un ordre dans le désordre comme on dit.

 

Lorsque je lui ai fait part de mon coup de cœur pour le morceau Agbe Favi en featuring avec Dama Damawouzan, Elom 20ce a tenu à rendre également un vibrant hommage à ce grand Monsieur de la musique Togolaise qu’il convient de célébrer à fond de son vivant. Il m’a confié avoir pris un grand plaisir à collaborer avec la légende Damawouzan surtout sur un morceau de ce dernier revisité donc de fort belle manière. Avec un message qui prône l’amour et la famille.

Profitant de l’occasion de l’avoir en face de moi, j’ai voulu tenter ma chance et questionner Elom sur ses réponses aux critiques lui reprochant de prendre le parti de Boko Haram ou Kadhafi dans ses morceaux. Il m’a répondu sans détour qu’il suffit de faire attention à ce qu’il dit avant et après l’évocation de Khadafi ou Boko Haram pour comprendre qu’il ne prend pas parti mais plutôt s’intéresse à l’Afrique en général. Les gens préfèrent remarquer le négatif sans forcément prêter attention aux messages véhiculés. Il convient de véritablement se documenter sur l’histoire de Boko Haram ou celle de Kadhafi avant de vouloir critiquer.

Tant de messages édifiants et tant de belles choses à découvrir sur cet album. Le lancement prévu pour bientôt n’aura rien de similaire aux lancements habituels. Beaucoup de surprises nous y attendent. Non seulement le lancement proprement dit y aura lieu, mais des expositions et projections entre autres seront au programme. Une soirée à ne surtout pas rater.

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Elom 20ce ne compte pas s’arrêter là et aspire à lancer de futurs événements dans la même logique dénommés « Soiréee Amewuga ». Pour donner un espace d’expression pour les photographes, les réalisateurs de longs ou courts-métrages, les prestations d’artistes live, expositions de l’art culinaire … En gros un projet de solidarité entre plusieurs disciplines artistiques qui se fera non seulement au Togo mais aussi dans toute l’Afrique et même dans le monde.

Pour le moment, l’artiste se concentre sur la promotion de son clip documentaire (encore une idée novatrice) du morceau « Aux impossibles imminents », sur ses tournées et ses futurs clips.

 

Pour finir Elom 20ce a tenu à remercier et rendre un hommage appuyé à ses musiciens (Elias Damawou, Nathalie Ahadzi, Alexy Hountondji et bien d’autres), aux talentueux artistes qui ont eu à faire des featuring avec lui sur son album, aux jeunes Togolais qui se battent et s’accomplissent avec un coucou spécial à Kanaa. Car sans tous ceux-là, Amewuga n’en serait pas là. Comme quoi, l’être humain est vraiment plus précieux que les biens matériels.

L’album Amewuga est disponible en ligne aux addresses suivantes : http://elom20ce.com/, https://elom20ce.bandcamp.com/

Et aussi sur CD à l’Espace Viva dans la rue de l’OCAM à Lomé.


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