Affaire George Floyd/Racisme : le coup de gueule tranchant de Wole Soyinka, Prix Nobel de Littérature


 

L’écrivain nigérian et premier prix Nobel africain de la littérature s’est aussi exprimé sur la circonstance du meurtre de George Floyd. Il a donc donné son opinion dans les colonnes de WakatSera au Burkina Faso.

Mes chers Gnadoè Tòwo, le vieux père a du feu sur la langue. En tout cas il l’a craché. Et c’est peut-être à vous de sauver les meubles en lisant jusqu’à la fin bien sûr.

Ne pas attendre d’un système qui a intérêt à vous oppresser, qu’il vous reconnaisse comme pair; battez-vous pour le dominer.

C’est l’idée générale qui ressort de ses commentaires sur la situation de racisme qui sévit actuellement au pays de l’oncle Sam. Toutefois allons découvrir l’intégralité de ce coup de gueule tranchant de Wole Soyinka.

Selon lui la solution est assez simple :

 »- Les Afrodescendants sont pour ainsi dire condamnés à l’excellence et à la conquête du pouvoir économique et politique partout où ils vivent. Il ne faut attendre aucun salut ni aucune compassion d’un système fondé depuis le 15ème Siècle sur le pillage de l’Afrique et l’asservissement ou l’infériorisation de ses descendants ».

Pourquoi voulez-vous que ce système accepte sa propre perte ? S’interroge Wole Soyinka.

 »Je ne parle pas des Peuples (en désignant le système) qui n’aspirent qu’à la paix et à la fraternité. Mais plutôt des états et des groupes d’intérêts qui les dirigent. Ces systèmes oppressent leurs propres Peuples. 63 présidents africains ont été assassinés depuis les indépendances des années 60, par ces systèmes qui sont convaincus que seul le pillage et l’exploitation des Afrodescendants lui permettent de survivre ».

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L’auteur de la tragédie, anti-colonialiste La Mort et l’Écuyer du roi ne s’est pas arrêté là.

 »L’Afrique, ne compte presque aucune usine d’armement et pourtant, la même pagaille qui y a été mise pour générer des conflits fratricides entre peuples, royaumes et états, pour alimenter la traite transatlantique et son pillage, continue encore. S’y rajoutent des guerres idiotes de religions impérialistes venues d’ailleurs, des contrées de nos anciens pillards, où elles ne font pas oeuvre de paix.

Chaque Afrodescendant est ton frère ou ta soeur au sens littéral du terme, car aucun peuple ni aucune famille de la Côte occidentale ou orientale africaine n’a été épargné par le pillage des âmes et des richesses. Je retrouve aujourd’hui mon héritage culturel en partie perdu au Sénégal, à Cuba, à Haïti, au Brésil, dans chaque coin des Amériques et des Caraïbes. J’y suis dans ma Famille au sens propre ».

Il a continué avec des conseils que tous les noirs devraient mettre en application.

 

 » Il nous faut promouvoir l’excellence, la culture, l’entreprenariat, le pouvoir politique, l’unité, la solidarité et la défense de nos intérêts partout et y compris et surtout en Afrique, Terre-mère où tous les Afrodescendants et tous peuples respectueux sont les bienvenus.
En nul endroit de la Terre nous n’avons été déportés dans notre intérêt ou pour notre plaisir. Toutes les compétences doivent être mises au service de la Communauté, celle des enfants d’Aduna ou Dunya, le vrai nom de l’Afrique (mot arabe : « Ifrikiyah ») ».

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L’écrivain et metteur en scène Wole Soyinka a fini par cracher des vérités irréfutables dans cette affaire de racisme provoquée par la mort de George Floyd.

Wole Soyinka

 »Au lieu d’inventer une danse stupide chaque année et de nous limiter à des rôles d’amuseurs publics, ou de passade exotique et de nous vautrer dans la traditionnelle fiesta du weekend, nous devons nous rappeler que les sociétés africaines sont très structurées, que nous avons la civilisation la plus ancienne du monde.

Ne nous contentons pas de porter du Wax ou du Bazin (tissus hollandais), pour nous réclamer Afrodescendants; nous avons une culture bien plus profonde, riche et commune que ce folklore de business ethnique. L’Africain depuis la nuit des temps et jusqu’aujourdh’hui se structure par son patronyme, la famille de sa mère (matriarcat), son honneur, son clan et son Royaume précolonial. Touchez à l’un et il vous combattra sans faille.

Tout cela a été brisé par les traites trans-saharienne et transatlantique, mais pas par la brève colonisation. On ne construit une Nation, un royaume ou un empire que par le travail, la détermination, la solidarité, la persévérance, la quête absolue de la liberté, la foi et le combat, au service d’une cause supérieure à notre propre vie ».

Pour mieux expliquer la situation des noirs le génie de la littérature nigériane Wole Soyinka s’était même plongé dans le passé.

 »Certains royaumes médiévaux précoloniaux africains existent toujours et les Africains n’ont jamais oublié leurs frères et soeurs arrachés à notre famille. Imaginez vous juste un instant qu’un étranger ou votre voisin entre chez vous et le fasse. Oublieriez-vous votre mère, votre père, votre soeur, votre frère ou vos enfants ?

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La colonisation n’a duré qu’un siècle en Afrique (1860’s – 1960’s), la traite transatlantique a vidé notre Continent pendant 5 siècles et celle trans-saharienne pendant 11 siècles. L’Egypte existait 8000 ans avant Rome et bien des Empires africains rayonnant à travers le monde plusieurs siècles avant JC ».

 

Et avant de finir l’artiste prolifique et éclectique a tenu à encore donner quelques précisions.

 

 » Il n’est pas un centimètre carré de cette Terre où les peuples n’aient été dominés, asservis et réduits en esclavage. Enrichissons-nous intellectuellement et financièrement, éduquons nos enfants dans des foyers stables, épanouissants et aimants, créons des entreprises, fabriquons et achetons prioritairement nos produits car le juteux business ethnique sur notre dos les vide de leurs vrais sens et qualité, partageons notre Histoire, notre culture et notre force qui nous ont permis de survivre à tout pendant des siècles ».

Qui connaît son histoire et forge son destin, ne peut être soumis par l’Homme. A souligné le génie de la littérature quadragénaire (Wole Soyinka) avant de conclure avec ce proverbe africain tranchant et plein de sens:

 » Le Tigre n’a pas besoin de prouver sa tigritude; il tue sa proie et la dévore »

 


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