Gnadoe Magazine N12 : Amah Ayi, le concepteur du marché noir


Amah Ayi

Amah Ayi : « Les gens ont tendance à rester focalisés sur l’Europe, mais, ici aussi [en Afrique] il y a des compétences et de l’argent »

Amah Ayi est un ‘Designer’ (Styliste) togolais qui évolue actuellement à Paris. Pour ceux qui ne le connaissent pas ou ne le reconnaissent pas, c’est le génie caché derrière certains merveilleux choix de styles des clips comme  « Affairage » et « C’est gâté » du groupe Toofan.

Né à Lomé, Amah Ayi a trouvé sa voie suite à un voyage en France à l’âge de 11 ans. Animé par le style et le vintage, inspiré par son père et de Rawlings, l’ancien président du Ghana, ainsi que l’élégance du feu Thomas SANKARA, le jeune Togolais, après quelques mois passés dans la restauration, s’est retrouvé entrepreneur dans un géant commerce de friperies qui étend aujourd’hui sa renommée.

Une personne stylée, quelle définition ?

Selon Amah Ayi, une personne stylée c’est quelqu’un qui assume ce qu’il porte. Il s’agit de casser les codes, de mixer et ensuite d’assumer.

« L’essence du style c’est de jouer avec ce qu’on a. On peut avoir un T-shirt à 200 francs avec une paire de chaussures à 1 million… Tant qu’on sait jouer avec ça, c’est ça le style. Il ne s’agit pas d’aller acheter les ‘total looks’ qu’on voit dans les magazines etc… »Amah Ayi

Le concept du « Marché Noir »

Le concept du « Marché Noir » ferait allusion au commerce triangulaire. Cependant, il s’agit d’une boutique ou d’une marque inspirée et mise sur pieds par Amah Ayi pour valoriser l’état d’esprit ainsi que le ‘Lifestyle’ de la vieille génération africaine associée en parallèle à la nouvelle.

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En créant le « Marché Noir », Amah Ayi s’est donné pour but de valoriser à l’échelle internationale le style Africain, en particulier le tissu artisanal « kinté », matière première du style « Batakali* ». Le défi serait de produire sa marque sur le sol Africain, par des artisans Africains, contrairement au Wax qui est importé.

« J’ai envie de faire du ‘Made in Africa’ ; même si le vintage part d’Europe pour venir ici, je travaille avec des gens ici [en Afrique] que je paye deux à trois fois le prix local pour qu’ils sentent le passage du ‘Marché Noir’ dans leurs vies. Je veux que les gens avec qui je travaille ici puissent faire quelques choses avec ce qu’ils gagnent… Qu’ils montent leurs propres business, qu’ils amènent leurs enfants à l’école, qu’ils aient un ‘deux chambres salon’ etc… C’est ça l’état d’esprit du ‘Marché Noir’ »Amah Ayi

Après avoir choisi ses tissus, Amah Ayi emploie des tisserands locaux afin d’avoir la finition souhaitée. Les produits sont ensuite exportés pour être introduits au marché international; ce qui n’est pas chose facile.

« L’idée, l’essence même du ‘Marché Noir’ c’est de développer vraiment le business Afrique – Europe – Afrique ; pas seulement l’Europe – Europe. Les gens ont tendance à rester focalisé sur l’Europe, mais, ici aussi [en Afrique] il y a des compétences et de l’argent. Si l’on valorise cela, ça ne peut être que bénéfique pour nous les Africains. » Amah Ayi

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L’engouement autour des produits africains

Selon Amah Ayi, l’Afrique a toujours été tendance et elle le sera toujours. Les grands ‘designer’ auraient trouvé l’inspiration en Afrique depuis les années 60, sauf que personne ne veut l’affirmer pour la simple raison que « les Africains n’étaient pas fiers de ce qu’ils étaient… »

«Tout a commencé avec nos parents. Ils sont partis en Europe, se sont fait tout petit parce qu’il ne fallait pas faire du bruit sous prétexte qu’on n’est pas chez nous. Aujourd’hui la donne a changé, le monde regarde la génération Africaine différemment parce que ‘nous, on s’assume’. »

Amah Ayi est content que l’Afrique soit sujet d’engouement par ses produits de mode, mais encore, il faudrait faire en sorte que ça dure.

« Tout cet engouement autour de l’Afrique, j’en suis content. Mais, il faut justement que nous [Africains] on comprenne que ce n’est pas qu’une tendance. C’est quelque chose qui peut durer si on le veut, si on fait en sorte que ça dure. »Amah Ayi

Un regard sur la mode togolaise

Amah Ayi n’a pas toujours été ouvert sur le Togo, car selon lui, « il n’y avait rien d’intéressant à Lomé ». Pour lui, la mode togolaise serait toujours dans un état imperceptible car jusqu’à présent il « ne la voit pas ».

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« Avant, je venais au Togo, je venais travailler, je restais à la maison puis je repartais… Mais depuis 2 ou 3 ans, j’ai un regard différent parce que j’ai rencontré quelques personnes comme Julio TEKO, le comédien, qui a commencé à me présenter des gens hyper intéressants qui faisaient des choses. Comme je ne vis pas ici, je ne connaissais pas le milieu. Mais là, je me rends compte qu’il y a beaucoup de créativité au Togo », Amah Ayi.

Pour la jeunesse…

Le conseil d’Amah Ayi pour la jeunesse, c’est de mettre du cœur quelque soit l’univers créatif qu’ils aimeraient intégrer.

« On ne voit pas trop l’horizon et le milieu de la mode…Si un jeune veut se lancer dans le domaine, qu’il écoute son cœur, qu’il le fasse, qu’il galère… Moi j’ai galéré… S’il a la foi et s’il croit en ce qu’il fait, ça va arriver… Si vous avez envie de faire un truc, faites-le ; les gens vous arrêtent avec leur scepticisme, leur haine et le fait qu’ils soient incapables de le faire…  »Amah Ayi


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