Pourquoi les africains riches sont-ils si détestés en Afrique Francophone ?


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Il est très difficile de connaître les Africains francophones les plus riches, ni le montant de leurs fortunes. Ils se font tous discrets. Même chez Forbes, ils admettent la difficulté d’établir le célèbre classement en Afrique. Tous les milliardaires évitent les projecteurs comme les vampires fuient la lumière du soleil… pourquoi donc ?

Le classement des 10 premières fortunes d’Afrique francophone est connu. A la tête, culmine le camerounais Baba Dampulo avec plus d’1 milliard de dollars. Pourtant, faire cette liste n’a pas été une mince affaire. Forbes, le magazine auteur, souligne même que la liste est “imprécise et incomplète”. Du fait, entre autres, de la discrétion maladive de nos grands entrepreneurs. Ce n’est pas exclusif aux francophones, mais éviter les journalistes est presqu’une règle d’or chez les plus fortunés en Afrique francophone. Et pour cause, la plupart est mal vue et traitée comme si on leur en voulait d’avoir fait fortune. Pourquoi leur en-veut-on autant ?

                       

Le poids de l’histoire 

Qui dit pays francophone, dit de facto la France. Cette puissance qui tire encore les ficelles des économies de ses “ex” colonies. Mais faisons quelques pas en arrière dans l’histoire. Parmi les premiers à arriver en Afrique, il y a les missionnaires. Ces “messagers” chargés de prêcher la “bonne nouvelle” auprès des “primitifs” que nous étions. En témoigne un ordre de mission du roi II Belge Léopold II datant de 1883, l’objectif des missionnaires était bien plus sournois : se servir de la Bible pour dépouiller les populations. En effet, les missionnaires avaient pour mission de détourner les “primitifs” des biens matériels. Ils venaient nous convaincre, sous couvert de la religion, que posséder des richesses était une chose démoniaque. Et que tout homme devait se débarrasser de ses possessions s’il espérait aller au Paradis. Propos appuyés par le fameux verset : « Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer au royaume de Dieu. » Matthieu 19:24. C’était là la carotte : le Paradis. Et ceux qui n’étaient toujours pas convaincus subissaient le bâton : tortures physiques et psychologiques. Objectif : convaincre les primitifs d’offrir tous leurs biens à l’Eglise comme offrande afin d’aller au Paradis.

“Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois il devient une vérité.”

Adolf Hitler dans Main Kampf

L’objectif a été atteint car aujourd’hui chercher à bâtir sa fortune est très mal vu. A force de nous marteler cette idée de Richesse = Diable dans la tête et dans la peau, on se l’est appropriée. On s’est nous-mêmes créé plein d’arguments pour se justifier des bien fondés de la pauvreté. A chaque fois que l’idée de la richesse est mentionnée, il y a toujours quelqu’un pour venir sortir la phrase fétiche : “vanité des vanités, tout est vanité”. 

« Quand les missionnaires sont arrivés, nous avions les terres et eux, ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier avec nos yeux fermés. Quand nous les avons ouverts, ils avaient nos terres et nous, nous avions leur Bible». Jomo Kenyatta, homme d’Etat Kenyan.

                   

 Influence culturelle et économique

A côté de ça, il y a une forte influence culturelle – encore – française. Puisqu’en effet, en France aussi les riches sont très mal vus. On les accuse de tous les maux. L’adjectif que la population utilise le plus c’est qu’il est “indécent” d’être riche. Etre pauvre ça va. Le pauvre est vu comme quelqu’un de profondément bon, qui a un grand coeur. Or, le riche est toujours perçu comme exploiteur, avide, malfaisant et voleur. Why ?

Certains pointent le catholicisme. Pour les raisons citées plus hauts. Comme quoi il faut être pauvre pour aller au Paradis. car, en effet, la France est un pays historiquement catholique. Mais ce n’est pas tout, car pourquoi les italiens et Espagnols n’ont pas la même haine des fortunés ? L’autre raison est la Révolution française. Cet évènement naît, entre autres, de la colère du peuple envers la Bourgeoisie. En effet, à l’époque, les Bourgeois avaient confisqué toutes les richesses et opportunités économiques du Royaume. Celui-ci était alors divisé entre d’un côté les bourgeois qui menaient la belle vie et les prolétaires qui rongeaient les os. D’où le soulèvement. L’évolution du pays après a toujours été marquée par cet écart entre la classe ouvrière et les riches. Les ouvriers étaient – et le sont toujours – convaincus qu’ils étaient exploités par leurs Patrons. D’où les nombreux évènements et mouvements ouvriers qui ont conduit à l’Instauration du 1er-Mai comme fête du Travail.

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Bref. Toute chose qui a historiquement fait de la France un pays socialiste dans son ADN. Limiter les initiatives personnelles qui pourraient conduire aux richesses individuelles, et instaurer davantage un Etat providence où la population attend presque tout de l’Etat. Où tout le monde est fonctionnaire et oeuvre pour la propriété collective. “Ce rêveuh bleeeuuuu”

A contrario, l’Afrique anglo-saxonne a hérité de l’esprit néo-libéral prôné par des écrivains tels que Max Weber. Pour eux, la richesse est la preuve qu’on est un bosseur. Ils estiment que le travail est la seule façon de se rapprocher de Dieu. Ils s’inspirent de cette phrase de l’apôtre Paul : “Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus”2 Thessaloniciens 3:10. C’est un état d’esprit profondément Protestant également, courant religieux qui a choisi de se départir rapidement du catholicisme.

Influencés par les français, les africains francophones ne jurent que par le salariat. Pour eux, devenir fonctionnaire est l’ultime réussite sociale. L’esprit d’entreprise est encore une notion ambigüe dans l’inconscient collectif.

Le Nigéria, le Kenya, le Ghana, et désormais l’Ethiopie, etc., sont parmi les économies les plus compétitives du continent. Ils ont fondé des industries dans divers domaines  que le reste de l’Afrique consomme aujourd’hui. Que ce soit dans le textile, l’électronique, l’agroalimentaire, etc. Tous sont imprégnés par l’esprit américain du self made man, avoir un rêve et travailler dur pour le réaliser.

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Chez-nous au Gabon, la plupart des salariés originaires de ces pays, en plus des postes qu’ils ont ici, ont des petits business partout. Soit un taxi en circulation, un champs de piments ou une bananeraie, soit un kiosque au marché. Et bon nombre d’entre eux gagnent plus d’argents que leurs patrons du boulot. L’initiative personnelle est encrée en eux.

Pour finir, nous sommes tous convaincus que s’ils sont riches c’est qu’ils ont fait de mauvaises choses. Ils doivent appartenir à des sectes, pratiquer la sorcellerie, voler, détourner, etc. Bref. “Leur richesse là n’est pas simple”.

Précisons que je parle ici des entrepreneurs et non des politiques. Leur cas est différent.

Nos parents ne pourront jamais croire que tu as travaillé. Pour eux le travail ne suffit pas à réussir. Raison pour laquelle ils ne s’y risquent pas eux-mêmes d’ailleurs. Et ce mode de pensée les pousse à envier les riches, à les jalouser, les détester. Pareil que les français avec leurs fortunés. Résultat des courses, les grands entrepreneurs de nos pays se cachent, ne donnent pas d’interviews, n’écrivent pas, rien. Silence radio.

Dans l’esprit anglo-saxon, quand une personne est riche, les autres se demandent : “comment a-t-il fait ?”. Ensuite ils se donnent le défi de faire autant ou mieux que lui. “Moi aussi je serai riche comme ça !”. Le challenge est permanent pour qui sera le meilleur. Chez les francophones c’est “hummmm c’est suspect ! Faut se méfier de lui”. Et certains vont plus loin en essayant de stopper ta croissance.

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Mais est-ce pour ça que tu vas rêver moins grand ? À toi de voir…`

Source : startup-addict.com


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