« Sex for grades »: Un documentaire sur le harcèlement sexuel dans des facs africaines libère la parole des femmes


Sex for grades

#Sexforgrades ou du sexe pour être bien notée. Vous avez sans doute vu passer ce hashtag sur les réseaux sociaux en début de semaine dernière en vous demandant à quoi il faisait référence ?

La BBC Africa Eye a dévoilé lundi 7 octobre dernier un reportage au même intitulé qui a n’a pas laissé indifférent, notamment sur Twitter où des femmes ont publié de nombreux témoignages sur le sujet.

En caméra cachée, on pouvait notamment voir dans le programme comment, en toute impunité, des professeurs harcèlent sexuellement des étudiantes en échange de bonnes notes.

Des pratiques devenues endémiques sur le continent africain et touchant jusqu’aux plus prestigieuses universités africaines, comme celle de Lagos au Nigeria et l’université du Ghana, selon la BBC.

Dans le reportage de la célèbre chaîne britannique, des journalistes se font passer pour des étudiantes auprès de professeurs ayant la réputation de coucher avec leurs élèves.

Très vite fleurissent les propositions de rendez-vous, des commentaires déplacés sur leurs physiques, des demandes de baisers mais surtout de relations sexuelles… en échange d’une simple inscription à l’université et des promesses de bonnes notes.

« Elles doivent payer avec leur corps », annonce un professeur de l’université de Lagos, Boniface Igbeneghu, à l’une des journalistes sous couverture.

Alors qu’elle se fait passer pour une jeune fille de 17 ans souhaitant s’inscrire à l’université, il l’invite dans son bureau. C’est là qu’il lui parle d’une salle spéciale réservée aux profs, la « Cold Room », où ces professeurs invitent des étudiantes pour « leur rouler des pelles, toucher leurs corps, leurs seins ». Dans une scène très dérangeante, on le voit la presser pour obtenir un baiser avant de la relâcher.

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« Pourquoi tu veux terminer ce partiel lorsqu’il te suffit de coucher avec moi pour l’avoir ? »

A la suite de la diffusion de ce reportage, la parole s’est libérée sous le hashtag #SexForGrades sur Twitter. L’une des victimes a accepté de témoigner.

En 2011, Ifedolapo a seulement 15 ans quand elle entre à l’université. Très en avance sur son âge, elle entame une licence d’économie à l’université de Lagos, troisième meilleure université du Nigeria.

Parce qu’elle est très jeune, ses parents veulent qu’elle soit suivie par un tuteur durant sa scolarité. Elle en aura trois, tous professeurs, qui lui feront des avances auxquelles elle a toujours refusé de céder. Mais l’un d’entre eux a été plus direct que les autres. Professeur de maths, il avait déjà la réputation de coucher avec les étudiantes avant qu’elle ne le rencontre, explique-t-elle.

« Tu sais, tu n’as pas à t’inquiéter. Je peux prendre soin de toi et tu n’auras pas besoin d’étudier. C’est une situation où tout le monde y trouve son compte » lui aurait-il dit lorsqu’elle le voit pour la première fois. Ifedolapo confie qu’un jour, pendant un examen, il lui confisque sa copie et l’empêche de terminer.

« Il m’a demandé de le suivre dans son bureau et c’est là que qu’il m’a dit » Pourquoi tu veux terminer ce partiel lorsqu’il te suffit de coucher avec moi pour l’avoir ? « Puis il m’a posé des questions sur ma virginité, si j’avais un copain… » raconte-t-elle.

Bouleversée, elle quitte son bureau. Elle échoue plus tard à quatre examens… dont les professeurs qui l’avaient notée lui avaient tous fait des avances qu’elle avait refusées, affirme-t-elle. Découragée, Ifedolapo a abandonné cette licence pour se diriger vers une autre filière.

« C’est comme un rite de passage »

Loin d’être hors du commun, le témoignage d’Ifedolapo effraie tant la situation décrite par la jeune femme semble récurrente dans certaines universités.

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Derrière le documentaire de la BBC, la journaliste Kiki Mordi a elle-même été victime de harcèlement sexuel, à la suite de quoi elle a arrêté ses études. « Je ne suis pas la seule à avoir connu ça. C’est comme un rite de passage. C’est par là que les étudiantes doivent passer », déclare-t-elle face caméra, en larmes.

« Le documentaire ne m’a pas choquée », déclare Itunu Omolara Oriye, avocate spécialisée dans le droit des femmes et des minorités sexuelles. « C’est quelque chose que l’on savait. Il est de notoriété publique que les professeurs demandent aux étudiantes des faveurs sexuelles pour pouvoir être évaluée. C’est très important pour nous d’avoir ce débat, je suis ravie que le documentaire soit sorti ».

De nombreuses réactions

La publication du reportage a scandalisé l’opinion publique au Nigeria, où de nombreuses personnalités ont pris la parole sur le sujet.

Quand on a une position d’autorité, il est immoral de demander des faveurs sexuelles en échange d’un soutien qui devrait être donné gratuitement. Pourquoi ces prédateurs se déguisent en professeurs et pasteurs ?

Ces professeurs Nigérians qui disent : « cette fille portaient des robes aguicheuses » ou « elle m’a séduit » seront les mêmes à donner des cours à l’étranger où ils ne harcèleront personne. Parce que le système ne leur donne pas autant de pouvoir et qu’il y a des conséquences.

 

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Des réactions qui ont même touché les hautes sphères de la politique. Le président de la 9e Chambre des Représentants appelle les universités « où cette culture d’abus a pu se développer » à reconnaître leurs responsabilités.

De même pour le président du sénat, Abubakar Bukola Saraki, qui rappelle avoir fait passer une loi en 2016 condamnant le harcèlement sexuel dans le supérieur par des personnes en position de pouvoir à 5 ans de prison.

Au lendemain de la publication du reportage, les universités concernées ont finalement réagi. L’université du Lagos a annoncé dans un communiqué avoir démis de ses fonctions le professeur Boniface Igbeneghu, mentionné dans le reportage.

L’église dont le Dr Igbeneghu est aussi pasteur a annoncé vouloir prendre ses distances avec celui dont elle condamne les actes « haineux et immoraux ».

D’autres enquêtes sont en cours sur les autres professeurs cités dans le documentaire.

 

Source: 20minutes.fr


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