Histoires vécues/Les chroniques d’Amé: « Philippe, Gilbert ou personnes »


Amé OCÉANE CODJIA

Recueilli et publié par Amé OCÉANE CODJIA

Est-ce qu’un jour j’ai rêvé sortir avec deux hommes NON, jamais. Est-ce qu’un jour j’ai imaginé devoir vivre une situation que j’ai si longtemps condamné moi-même, jamais.

Philippe et moi étions tous deux étudiants dans la même faculté de Droit. Nous avions connu hauts et bas mais avions réussi à survivre. Quelques années d’université, les plus dures certainement de mon parcours d’étudiante et j’avais finir par décrocher mon diplôme.

J’étais une très belle fille. De famille modeste, très tôt j’avais le goût amer de la lutte pour survivre dans la bouche car nous n’avions fait que ça dans ma famille. D’abord mon père avait un beau matin décidé d’aller vivre avec la mère de notre demi-sœur qui longtemps avait été sa maîtresse. Elle au moins avait un petit commerce et ne tendait pas la main comme la mienne qui n’avait rien, zéro diplôme, zéro formation et zéro occupation à part « Ménagère ».

Lorsque je voyais ma mère et mes frères, je me disais qu’il n’y avait que moi pour nous sortir de là car moi au moins j’étais à l’université.

Mon rêve était de trouver du travail et de vite nous prendre en charge mais les choses ne se déroulèrent pas ainsi. Trois années à la maison, je n’avais trouvé aucun travail à part quelques jobs de vacances qui payaient au contre goûte chaque jour.

Mais pendant que je survivais, Philippe aussi le faisait mais de quelle manière ? Ce jeune homme je l’aimais de toutes mes forces et malgré la situation, dès que j’avais un peu de sous je lui venais en aide. Sauf que de lui-même, il ne faisait jamais rien.

Philippe vivait à mon crochet. Diplôme en main pourtant, il ne se gênait jamais pour trouver du travail. Il vivait dorénavant chez son grand frère et se contentait de faire les travaux ménagers que lui imposait la femme de ce dernier. Tant qu’il avait où dormir, quoi manger et quelques billets à la fin du mois il ne se cherchait plus du tout.

Je vous avoue que plus de 6 années de relation, Philippe ne m’avait jamais donné un rond. Jamais. Mais malgré ça je l’aidais comme je le pouvais pourtant à l’université, son frère l’aidait et payait ses frais. Il le faisait depuis que leur papa est décédé.

Mes copines me demandaient pourquoi j’aimais un homme pareil. Je leur répondais qu’il changerait un jour et que c’était parce qu’il n’avait pas les moyens qu’il ne le faisait pas encore. Je savais que c’était faux car le problème de Philippe, c’était être pingre, fainéant et paresseux.

Lorsque je partais déposer des demandes d’emploi, je l’exhortais à me suivre pour faire pareil mais il refusait simplement sous prétexte que son frère lui trouverait un bon travail bientôt. Cela m’agaçait au plus haut point car chez nous à la maison, il y avait longtemps que papa ne s’occupait vraiment plus de nous. C’était à peine s’il demandait encore d’après nous d’ailleurs alors j’avais besoin de m’en sortir pour que vivent les miens. Mais je l’aimais. Je l’aimais énormément pour le laisser. Je me nourrissais d’espoir qu’il change un jour mais en vain.

Les hommes me draguaient, ce n’étaient pas les bons candidats qui manquaient à vous dire vrai. J’étais assez jolie comme fille et partout où je passais, il y avait forcément un homme pour me draguer ? Au départ je refoulais toute avance parce que j’étais en couple avec Philippe mais à un moment, je commençai par me laisser aller à la gentillesse et la générosité de certains. Oui ils avaient la main facile. Ils pouvaient m’aider à nourrir ma famille et à prendre soin de moi.

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Tout ce que je trouvais servait à nourrir les miens et moi-même je me laissais aller physiquement sans aucun entretien. Heureusement que j’étais naturellement très belle.

Le jour-où je décidai de coucher avec un de ces hommes, ce fut avec Gilbert, un homme marié qui avait mis long à me courtiser. Il était franc et voulait d’une femme comme moi pour le soulager de « l’angoisse » que représentait sa femme. C’étaient ses mots. Il passait son temps à se plaindre de son épouse. Il lui trouvait mille défauts mais lorsque je lui demandais pourquoi il ne divorçait pas, il me disait qu’ils avaient des enfants… Bref. Cet homme me comblait de tout. Petit-à-petit j’avais commencé par devenir encore plus jolie. Je me reprenais en main et grâce à Gilbert, ma famille et moi vivions à présent dans une mini-villa loin de la cours commune dans laquelle nous avions toujours vécus.

En sortant avec Gilbert, l’intention n’était pas de tromper Philippe. Je voulais rompre et me refaire mais je l’aimais toujours et avais peur de le laisser. A chaque fois, je désirais lui dire que c’était définitivement fini entre nous mais je n’y arrivais pas alors je décidai de jouer à ce double jeu. Gilbert était attendrissant et très généreux. J’aimais cet homme pour ce côté qu’il avait.

Je me faisais entretenir par Gilbert et aimais encore plus Philippe. Le pire dans l’histoire est que Philippe se doutait bien qu’il y avait d’autres hommes dans ma vie mais un jour il me balança la phrase suivante :

« Si tu te fais draguer par ces riches hommes et que tu n’en profites pas, tu aurais été bête. En tout cas j’espère juste que tu me feras profiter sinon je comprendrai que jamais tu ne m’as réellement aimé… ».

En somme, Philippe savait que j’avais d’autres hommes dans ma vie qui m’entretenaient mais cela ne le dérangeait pas tant qu’il mangeait aussi dedans. Et pour confirmer ce qu’il avait dit, il me demandait des sommes d’argent qu’en temps normal je n’aurais pas pu avoir dans ma situation de chômeuse. Ma bêtise était de lui en donner.

En somme, j’avais accepté de sortir avec Gilbert pour de l’argent et cet argent servait aussi à Philippe mon petit-ami.

Gilbert payait loyer, factures, popote, soins de ma mère, scolarités de mes frères, il faisait tout et Philippe venait manger et même dormir dans la maison avec moi quand par exemple ma mère se rendait au village. Sous les yeux de maman je n’aurais pas pu faire ça car ce n’était pas l’éducation qu’elle m’avait donné malgré sa situation modeste.

Philippe connaissait Gilbert, le contraire n’aurait pas été possible car Gilbert était très dure de caractère et n’aurait jamais toléré une relation avec un autre homme. Il se croyait seul dans ma vie. Homme très exigeant et pragmatique, il savait taper du poing sur la table. Ma mère l’appréciait bien certainement parce qu’il nous avait sorti de la merde et aussi parce qu’il était très respectueux vis-à-vis d’elle.

  • Cet homme est bien pour toi ma fille, disait maman. Elle ne savait pas qu’il n’avait point l’intention de m’épouser. Elle me disait de toujours faire ce qu’il voulait de moi et qu’un jour il finirait par m’épouser. Mais derrière cet amour qu’elle vouait à l’un, elle vouait une haine indescriptible à Philippe qui n’avait jamais rien à me donner.
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Maman n’aimait pas le voir. Dès qu’il se présentait et qu’elle était là, elle lui intimait l’ordre de m’attendre dehors. Philippe savait bien que maman ne l’aimait point mais il continuait à maintenir lui aussi la relation, certainement parce que je l’aidais énormément avec l’argent de l’autre. Parce que devant lui, je recevais des appels de Gilbert et même des fois lorsqu’il s’annonçait, je pressais Philippe de partir pour ne pas créer de problème.

Jamais Philippe ne s’était plaint. Au contraire il me donnait même des astuces pour soutirer de l’argent à Gilbert pour lui. Je ne savais pas si c’était toujours de l’amour ou de l’exploitation mais ma naïveté et mon amour pour lui m’aveuglaient.

Une année après, Gilbert me décrocha un bel emploi dans une société en zone portuaire. J’y étais bien payée tellement bien que je n’avais vraiment plus besoin d’avoir un amant et je décidai d’arrêter ma relation avec Gilbert pour me consacrer à Philippe qui enfin venait de commencer un stage dans un cabinet de la place grâce au concours de son frère.

Philippe devenait petit-à-petit homme. Toujours bien habillé, très bel homme, mon amour n’avait fait que s’accentuer. Trois mois après, je lui offris une moto à son anniversaire. Gilbert, je l’évitais. Je trouvais toujours des excuses pour ne pas le voir. Des fois je restais tard au bureau juste pour qu’il ne vienne pas à la maison mais Gilbert avait subitement envie de faire de moi son épouse car il avait enfin fini par penser divorce…

Philippe trouvait cela bien dans la mesure où nous n’avions plus besoin de cet homme pour vivre. Il devenait jaloux et agressif dès que je prononçais le nom Gilbert. Après son stage, il fut embauché dans le cabinet et là mon vrai calvaire débuta.

Philippe décidait de faire les choses à sa guise, une nuit, il envoya des messages anonymes à Gilbert avec des photos de moi presque nue. C’était clairement fait pour me nuire et ça avait réussi car Gilbert avait débarqué à la maison et m’avait passé à tabac sous les yeux de ma mère qu’il traita de diablesse sans vergogne complice de la vie de débauche de sa fille.
Lorsque je posais la question à Philippe de savoir pourquoi il faisait ça il me répondit ceci :

  • Aujourd’hui ton amant te lève la main dessus. Ne peux-tu juste pas mettre fin à cette relation et reprendre ta vie en main ? De quoi as-tu besoin aujourd’hui ? Tu travailles et tu gagnes bien ta vie. Tu as un homme que je suis et crois-moi qui vaut mille fois mieux que cet homme marié qui n’en a rien à faire de toi. Mais il te court toujours après et tu es toujours avec lui. Tu ne me donnes pas d’autres choix que de mettre fin à cette relation pour toi.
  • Il va me tuer si tu continus ainsi Philippe, laisse-moi mettre fin aux choses moi-même s’il te plait.
  • Tu le dis mais n’y fais rien. Je ne vais pas être plus patient que ça. C’est lui ou moi…
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L’étau se refermait sur moi. D’un côté Gilbert qui sentant venir une rupture avait commencé à monter mon patron qui était l’un de ses meilleurs amis et qui était aussi au courant de notre relation, contre moi. Au bureau, il me reprochait tout alors que je n’avais jamais changé de manière de travailler.

Depuis que Gilbert était passé me porter main à la maison, je ne décrochais plus ses appels. Il essayait de se racheter mais je ne voulais plus entendre parler de lui. Il me suppliait et s’excusait mais rien.

Je ne doutais pas qu’il puisse me faire perdre mon travail. J’avais officiellement repris avec Philippe et je ne me cachais point. Je mettais des photos de nous deux en profil et en statuts sachant très bien que Gilbert les verrait et s’enflammerait. Je me vengeais définitivement, le pensais-je naïvement. Il m’envoyait des messages de menaces après ceux d’amour.

« Je t’ai faite, je t’ai construite et aujourd’hui tu penses que je ne sers plus à rien ? Je vais te détruire et on verra si repartir de zéro est si agréable »

Lorsque mon patron me fit part de son désir de rompre mon contrat pour incompétence, je redescendis sur terre. Gilbert…

J’avais été accusée de faute professionnelle grave et mise à la porte sans moyen de me défendre. J’informai Philippe sur le champ et toute sa réponse fut :

« Appelle ton amant pour qu’il règle ce problème, après tout c’est lui qui t’a trouvé ce travail et c’est encore lui qui fout la merde… ».

Puis il avait raccroché.

J’avais appelé Gilbert sans succès. Il avait bloqué mon numéro. Mon patron n’avait pas voulu me revoir, il avait laissé des instructions fermes à la comptabilité. On m’avait payé mes droits et m’avait simplement remercié.

Les mois qui suivirent furent un sacré calvaire. Rester à la maison ou reprendre la quête d’emploi, aller et venir, et mon loyer qui bouffait une partie de mes économies car la villa coûtait cher. Philippe qui ne me venait point en aide et maintenant que j’étais à la maison, il me trompait avec des filles de son entourage sans que je ne puisse me plaindre car il me balançait toutes mes erreurs à la figure.

J’avais supplié Gilbert jusqu’au bout avec d’autres numéros de téléphones mais à la fin il m’appela et me fit comprendre que grâce à mes actes, il avait enfin compris que sa femme était la meilleure épouse qu’un homme aurait pu avoir dans sa vie et qu’il n’allait plus divorcer.

  • A présent vis ta vie avec tes jeunes garçons fillette. Ne m’appelle plus jamais autrement tu auras affaire à mon épouse.

C’était plus que claire j’étais seule. Philippe qui ne cherchait plus à me voir, qui ne voulait plus rien savoir et qui depuis quelques semaines s’était mis en relation sérieuse avec une autre et moi qui me retrouvais seule et à zéro.

Retour à la case départ. L’enfer reprenait sa place dans ma vie… Je reprenais les petits jobs, nous avions dû déménager en urgence pour survivre et me voilà qui retournais dans une nouvelle location cours commune avec ma famille. Diplôme en main je me rendais dans les entreprises pour chercher un travail et vous vous doutez bien que Philippe m’avait juste gommée de sa vie…

 

Recueilli et publié par Amé Océane CODJIA


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